Premier pas d’envergure de la Philharmonie dans le domaine de la bioacoustique, l’exposition Musicanimale tend l’oreille vers le vivant : vocalises d’oiseaux, stridulations d’insectes, chants mélodiques de baleines, hurlements chorals de loups… Tout en montrant l’influence extraordinaire des voix animales dans l’histoire de l’art et de la musique, le parcours questionne le devenir de la biodiversité et la disparition d’un patrimoine sonore en danger.
Petit cymatique de baleine à bosse, crayons sur papier, 42 x 59,4 cm, 2022
Ouvert par un grand concert d’oiseaux, le parcours de l’exposition dessine un abécédaire réjouissant pour les petits et les grands. Entre imagier vagabond et cabinet de curiosités, chaque lettre fait référence au règne animal (coq, insectes, loup…) ou à des objets emblématiques (appeaux, coucous, sonnailles…). Chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art côtoient installations immersives et commandes à de grands artistes, comme Bernie Krause et Tomás Saraceno, pour réintroduire l’homme dans la symphonie du vivant.
L’exposition fait non seulement entendre les sons d’une quarantaine d’espèces, mais elle montre aussi, à travers un parcours de 150 œuvres, combien les animaux fascinent et inspirent, combien ils suscitent de poésies visuelles et sonores. Depuis toujours, l’homme s’est confronté aux voix animales pour les reproduire, les transcrire ou les transfigurer. D’innombrables bestiaires jalonnent ainsi l’histoire de la musique, de Rameau à Saint-Saëns. De nombreux instruments, appeaux, serinettes ou flageolets d’oiseaux, empruntent aussi aux animaux leurs formes et leurs matières ou cherchent à en imiter les sons, sans oublier les récits qui poétisent le lien des hommes aux animaux, comme Les Musiciens de Brême, ou encore Papageno, célèbre homme-oiseau de La Flûte enchantée de Mozart, dont l’identité même rend évidente l’affinité profonde que l’humanité nourrit avec la partition du vivant.
L’essor de la bioacoustique depuis les années 1950 a permis de mettre le monde sur écoute. Bien plus qu’un inventaire du vivant, ces captations offrent des paysages sonores d’une poésie vibrante. L’exposition plonge le visiteur dans des écosystèmes saisissants, des fonds marins animés par le chant des baleines à bosse aux brousses du Kenya.
Parallèlement, de nombreux artistes, musiciens, plasticiens ou vidéastes, plutôt que de sanctuariser le vivant, tentent d’y réintroduire l’homme. Des toiles d’araignée musicales de Tomás Saraceno aux natures transformées de Julien Salaud, de Vox Balaenae de George Crumb aux vocalises d’Yma Sumac ou de Meredith Monk, d’innombrables œuvres, plastiques et sonores, réinvestissent les voix animales pour y trouver le matériau d’expérimentations inédites.
Pour l’exposition
Les commissaires Marie Pauline Martin et Jean-Hubert Martin ont souhaité montrer trois oeuvres en boîtes entomologiques. Ils ont aussi passé les commandes d’une sculpture taxidermique, Le chant nocturne de la grive musicienne et de trois dessins qui ponctuent le parcours : Grand Dindon, aquarelles et crayons sur papier / Grand cymatique de baleine à bosse, crayons sur papier / Grand Ultrasons, gouaches et crayons sur papier / 55 x 70 cm, 2022.
De gauche à droite et de haut en bas : Grands Ultrasons, crayons sur papier, 60 x 70 cm, 2022 / Boîte à Carnaval : boîte entomologique avec neuf insectes naturalisés (deux papillons et six coléoptères de Guyane, une mante religieuse d’Asie), plumes de perruches ondulées et de diamants mandarins, perles de rocaille, sequins, paillettes, strass, colle, 20 x 26 x 5.5 cm, 2008 / Le chant nocturne de la grive musicienne, taxidermie de grive, plume d’autruche, strass, colle, dimensions variables, photographie William Beaucardet, 2022 / Arlequin du Paradis, arlequin de Cayenne, plumes d’autruche, colle, boîte entomologique, 40 x 18 x 5 cm, 2011, photographie William Beaucardet, 2022 / Précieuse megasoma, Mégasoma actaeon femelle, strass, colle, boîte entomologique, 24 x 15 x 10 cm, 2011
Pour le catalogue et les supports visuels
Plusieurs illustrations ont été réalisées pour le catalogue et les affiches de l’exposition Musicanimale édité par Gallimard
De gauche à droite et de haut en bas : couverture du catalogue Musicanimale, le grand bestiaire sonore, éd. Gallimard, septembre 2022 / Cerf de nuit, crayon sec sur papier, 42 x 29,7 cm / Pierre Henry et les cochons, crayons sur papier, 42 x 29,7 cm / Portrait de coucou gris, gouache sur papier, 15 x 21 cm / Alouette lulu, gouaches sur papier, 29,7 x 42 cm / Visuel Musicanimale @ Philharmonie de Paris / Le chant nocturne du rossignol philomèle (Grand paon de nuit), crayon sec et gouaches sr papier, 29,7 x 21 cm / Petit Dindon, aquarelles et crayons sur papier, 40 x 29,7 cm / Dossier de presse Musicanimale @ Philharmonie de Paris / Zoomusicologie, montage numérique / 2022
Merci à Jean-Hubert et Marie-Pauline Martin de m’avoir intégré aux projets d’exposition et d’édition, ainsi qu’aux équipes de la Philharmonie (Julie Bénet et Pauline Méry <3) et de Gallimard pour leurs concrétisations !
Pour en savoir plus :
Philharmonie de Paris / Musicanimale
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/24601-musicanimale
Collections du Musée Philharmonie de Paris / Parcours de l’exposition Musicanimale
https://collectionsdumusee.philharmoniedeparis.fr/exposition-musicanimale.aspx
PODCAST Radio France / L’exposition Musicanimale nous plonge dans la symphonie du vivant
https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/reportage/l-exposition-musicanimale-nous-plonge-dans-la-symphonie-du-vivant-537194
Le Monde / A la Philharmonie de Paris, « Musicanimale », un vibrant bestiaire sonore
https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/09/29/a-la-philharmonie-de-paris-musicanimale-un-vibrant-bestiaire-sonore_6143629_3246.html
Libération / “Musicanimale”, drôle de brame
https://www.liberation.fr/culture/musique/musicanimale-drole-de-brame-20221109_EURCYOLASZHC5I3M362QHJGJQY/
